Les pistes de traitements du coronavirus : des avis partagés


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Les pistes de traitements du coronavirus : des avis partagés
Les pistes de traitements du coronavirus : des avis partagés

Le monde attend avec impatience le remède efficace contre le coronavirus. Le coeur battant, on guette le jour où l’on annoncera officiellement que nous avons eu raison du COVID-19 qui sème la terreur et nous enferme chez nous. Dans l’intervalle, le flou demeure. Entre des essais cliniques officiels et effectués dans des règles urgentes de l’art et les médecins de terrain qui font face à “un état de guerre”, une réponse à deux vitesses crée la polémique et partage l’opinion publique. Quels sont les traitements en cours et ont-ils des chances de fonctionner ? 

 

Une lueur d’espoir a vu le jour. En un temps record, toutes les capacités matérielles, financières et humaines ont été mobilisées dans différents pays au service d’une course contre la montre pour stopper la pandémie de coronavirus. Même si, malgré la rumeur, nous ne possédons pas encore de remède miracle au coronavirus, la recherche semble être en bonne voie. Grâce à l’expérience chinoise notamment, plusieurs pistes ont émergé. Afin de les tester, l‘OMS a lancé un modèle de protocole : l’essai clinique Discovery. Lancé le 22 mars, cet essai clinique encourage plusieurs  pays européens à se l’approprier, afin d’obtenir des résultats concluants le plus rapidement possible. En France, les essais coordonnés notamment par l’INSERM ont débuté à l’hôpital Bichat de Paris et au CHU de Lyon. Lors d’une conférence de presse donnée le 23 mars dernier, le professeur Ader, médecin-chercheur dans le service des Maladies Infectieuses de l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon et en charge du recrutement des patients pour cet essai, explique, en compagnie du professeur Bruno Lina, le détail du protocole, les molécules testées et le déroulement de l’essai. 

Qu’est-ce que l’essai Discovery ? 

L’essai Discovery regroupe ainsi quatre molécules testées sur 800 patients en France et 3200 au total répartis sur plusieurs pays européens. Chaque molécule est choisie pour chaque patient de manière aléatoire selon une randomisation informatique. Le Professeur Ader précise : “On va tester avant tout l’efficacité et la tolérance de ces 4 traitements.” Elle ajoute que "le protocole se passe exclusivement à l’hôpital". Le choix des hôpitaux se fait en fonction de la cartographie de l’épidémie mais également selon les hôpitaux qui ont les structures, la logistique et les moyens nécessaires pour implémenter les données quasiment en temps réel.” 



Quelles sont les molécules testées par l’essai Discovery ? 

  1. Le Remdesivir 

Il s’agit d’un antiviral conçu initialement pour lutter contre le virus Ebola. Le professeur Lina précise que cette molécule possède “un spectre d’action plus large, capable de bloquer la réplication d’autres virus comme ce coronavirus”. Il faut préciser aussi que les tests in vitro pour ce traitement ont donné de très bons résultats et qu’il représente une piste sérieuse et prometteuse pour le COVID-19. 

  1. La combinaison Lopinavir-Ritonavir

Ce “recyclage d’un médicament contre le VIH” est une combinaison de 2 molécules qui agissent ensemble pour bloquer le virus et “qui marche dans le tube à essai”. Le Pr Lina  explique, lors de la conférence de presse, que les résultats mitigés que l’on a obtenus en Chine concernant cette molécule viennent sûrement du fait qu’elle a été testée sur trop peu de personnes et à un stade tardif de la maladie, alors que l’affection devient moins virale. 

  1. La même combinaison avec un interféron bêta

“Cette piste est intéressante parce que la maladie comporte deux phases”, précise le virologue. Il explique en effet que la première phase virale durant laquelle on considère que les antiviraux peuvent avoir un effet important est ensuite reléguée par une  phase immunopathologique avec un syndrôme inflammatoire qui peut entraîner des dégradations au niveau pulmonaire notamment. L'interféron bêta serait donc là pour bloquer ce processus inflammatoire.

  1. L’HydroxyChloroquine

La fameuse molécule qui fait tant parler d’elle a été également incluse dans l’essai Discovery à la demande de l’OMS et de l’Etat français. Antipaludéen reconnu, la Chloroquine va être cette fois-ci testée dans le cadre de la pandémie du Covid-19. On testera plus précisément l’HydroxyChloroquine, une variante de la Chloroquine. Selon le Pr Lina, cette molécule très similaire à la Chloroquine apporte toutefois une sécurité supplémentaire dans le dosage.  

Le Pr Raoult a-t-il raison de bousculer les conventions ?

 Entre le “ça fonctionne” des équipes du Pr Raoult et le manque de prudence invoqué par ses détracteurs, il est important de comprendre les tenants et les aboutissants du débat qui remue l’opinion publique. D’un côté, se trouve un professeur pour le moins atypique et peut-être même quelque peu anarchique qui demeure une sommité mondiale dans la recherche des maladies infectieuses. De l’autre, un comité scientifique et nombre de professionnels de la santé qui dénoncent une méthode davantage que la personne. Des deux côtés, les arguments paraissent solides. “Sauver des vies” vaut tous les arguments du monde, mais à y regarder de près, tout n’est pas si simple. Lors d’une apparition à l’émission "C dans l’air" intitulée “Faut-il suivre le Pr Raoult”, Xavier Lescure , infectiologue à l’hôpital Bichat à Paris, nous remet les pendules à l’heure : “ 80% des gens développent une forme non sévère du virus, sans avoir besoin de médicament. Il ne faut donc pas donner de Chloroquine systématiquement.” Une phrase qui fait réfléchir lorsque l’on assiste aux queues grandissantes de personnes asymptomatiques qui se bousculent devant l’hôpital de la Timone à Marseille car il propose dépistage et traitement à l’HydroxyChloroquine pour les personnes détectées positives au COVID-19. En effet, pour beaucoup de professionnels de la santé, ce qui se passe à Marseille est scandaleux pour plusieurs raisons. On évoque notamment le non-respect des règles de la distance de sécurité lors de ces regroupements causés par la promesse de Chloroquine, une distribution massive pour un traitement qui n‘a pas encore subi d’essais cliniques sérieux et une étude faite par le professeur Raoult à Marseille “qui laisserait à désirer”. Plusieurs questions restent aujourd’hui sans réponse : Pourquoi les chinois auraient-ils abandonné la piste de la Chloroquine s’il s’agissait du remède miracle au COVID-19 ? Xavier Lescure considère qu’ils n’ont pas obtenu de résultats satisfaisants “parce qu’ils sont partis dans tous les sens” et que nous devons justement en tirer une leçon pour mener les essais correctement, tout en tenant compte de l’urgence. 

Les méthodes du Pr Raoult posent également des problèmes d'éthique. L’initiative personnelle de Marseille peut créer la confusion et donner l’impression aux familles des personnes à risques des autres régions qu’elles ont été soignées au mauvais endroit. Et il ne faut pas manquer de souligner que Chloroquine ou pas, les nombreuses équipes médicales de tout le pays sauvent également de nombreuses vies. 

En somme, les scientifiques ne peuvent se résoudre à une mesure spontanée qui court-circuite le système et fait fi de la rigueur méthodologique. Si tous souhaitent vivement que ce traitement fonctionne, ils considèrent avec défiance des décisions qu’ils considèrent comme précipitées et non fondées. Quant à la question de savoir si, au cas où la Chloroquine s’avérait vraiment efficace, les laboratoires seraient en mesure d’en produire suffisamment, la réponse notamment de Jean-François Bergmann, ancien vice-président de la Commission des autorisations de mise sur le marché des médicaments (ANSM) est oui, sans hésitation.

Face à ses détracteurs, le Pr Raoult explique avec un naturel déconcertant que la Chloroquine prescrite en traitement ou en prévention du paludisme, aussi bien que l’HydroxyVhloroquine qui traite le lupus, représentent des médicaments que l’on connaît bien, qui sont sans danger et qui en plus fonctionnent pour le COVID-19. De la part d’une pointure comme le Pr Raoult, on aurait tout de même tendance à se laisser convaincre. 

Ce qui est sûr, c’est que malgré les divergences, aucune place n’est laissée à  l’auto-médication qui peut s’avérer dangereuse. 

Sans penser au remède miracle, on est en droit d’espérer. Qu’il s’agisse de la Chloroquine ou d’une autre molécule actuellement testée comme le Remdesivir également très prometteur, l’avenir proche nous dira si l’on a eu raison d’espérer. Dans un délai de 4 à 6 semaines, nous devrions connaître les résultats de l’essai qui réconciliera peut-être les avis, ou pas. En attendant, il est bien plus prudent de rester chez soi. 

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